L'ambition comme moteur de la relation humaine Billet

Comment développer des qualités humaines dans un monde de machines ?
C'est la question que Dolmen Technologies (spécialiste de la relation clients) a posée à Vincent Cespedes, philosophe très impliqué dans les problématiques d'entreprises. Sa réponse est simple : développer l'ambition. Il nous détaille les qualités qui sont attachées à la forme expressive (distincte de la forme démonstrative) de l'ambition qu'il appelle partageuse. Elle repose sur la promotion des valeurs qui nourrissent les ambitions les plus puissantes, celles qui emportent pour le meilleur les autres avec soi.

Résumé

L'ambition est une passion.
La passion est le carburant de ceux qui désirent quelque-chose par-dessus tout.
L'ambition est la passion de la passion : c'est vouloir vouloir qui importe. Ce n'est pas l'objet de la passion qui motive c'est la volonté de l'atteindre.

Trois profils d'ambitions

L'ambition démonstrative

Il s'agit de montrer aux autres que l'on est ambitieux, quel que soit le prix pour soi et pour les autres.
Elle se nourrit de pression, de stress, de manipulation.

L'ambition expressive

Elle repose sur des valeurs morales.
Elle repose sur la conviction qu'on ne peut atteindre seul son but.

L'ambition auto-destructrice

Elle a pour finalité de se détruire soi-même.
Elle repose sur la conviction que l'on n'est pas légitime à la réussite.

Développer l'ambition expressive

Les relations humaines s'articulent au sein de flux, conscients et inconscients, qui véhiculent du choc et du charme.

Ces flux se propagent. Le choc et le charme, quand ils sont reçus, doivent être re-distribués. Le choc parce qu'il nous encombre, le charme parce qu'il nous y incite par nature.
Il semble plus efficace, voir plus légitime, dans un contexte professionnel comme dans des relations personnelles, de véhiculer le charme que le choc.

L'ambition expressive nécessite a mise en oeuvre de 4 efforts et de 2 habitudes.

Les 4 efforts à développer

La persévérance

C'est la capacité à chercher les moyens de dépasser un obstacle.

Plutôt que s'y confronter frontalement et de chercher à le faire disparaître par la force, on utilise sa capacité à modifier sa façon de l'appréhender, à changer d'angle de vue, pour identifier le moment opportun (kairos) où il offre sa propre solution. Capacité à repérer le défaut dans la cuirasse.

Cela implique un processus collectif et une approche imaginative et créative. C'est alors l'occasion de partager avec l'autre.

L'inventivité

C'est la capacité à apporter sa propre touche d'originalité (le "duende" de Garcia-Lorca).
Pensée convergente et divergente (concentrée sur le problème ou diffuse sur des éléments liés) alternent pour atteindre un but.

L'amusement

C'est la capacité à s'émerveiller, à rire pour avoir un regard neuf.
Par ailleurs il réduit la pression.

La médiation

C'est la capacité à recevoir les idées, à promouvoir celles qui sont les plus pertinentes et à les faire accepter de tous.
C'est la puissance fédératrice.

Réflexions

Chacun est plus à l'aise dans l'un de ces quatre domaines. C'est la complémentarité d'une équipe qui portera l'ambition. Individuellement on peut travailler ces 4 axes d'action, y compris l'inventivité. Chacun se nourrit de toute façon des 3 autres (théorie du gestalt).

Chacun de ces efforts alimente les autres. Amusement, inventivité et médiation sont les moyens de servir la persévérance, caractéristique principale de l'ambition et souvent l'effort le plus contraignant à porter.
Un défaut d'amusement peut être compensé par une plus grande persévérance. («Quand tu es arrivé au sommet de la montagne, continue à grimper»).
Un défaut de persévérance peut être compensé par une plus grande dose d'amusement : s'amuser à trouver le moyen de rendre les autres persévérants pour nous motiver.

Les expériences de vie nous permettent de comprendre comment on développe l'une de ces caractéristique dans divers domaine. Être inventif en cuisine permet de l'être au travail.

Les 2 habitudes à cultiver

Les habitudes sont le fruit de notre personnalité, qui se fixe à partir d'un certain âge.
Elles reposent sur la bienfaisance verbale et non verbale.

La capacité de transformation passe par l'inspiration. Capacité à prendre exemple sur les autres.

La bienfaisance non verbale

C'est la théorie de l'onde de choc et de charme. Notre visage exprime notre état d'esprit.

Il s'agit de réjouir l'autre et de se réjouir de la faire. Donner du plaisir.
L'empathie est nécessaire. Mais elle n'est pas suffisante et elle est sujette à manipulation (CQFD).
La sympathie cherche, en plus, à aider l'autre et pas simplement à être en communion avec lui.

C'est une attitude et pas un discours. Elle est destinée à réduire le choc et augmenter le charme.

La bienfaisance verbale

7 bienfaisances :

  • Ecouter
    Développer sa capacité d'écoute en permettant à l'autre de s'exprimer.
    Bénéficier en retour de l'écoute des autres.

  • Déculpabiliser
    Un discours décupabilisant supprime la fatigue générée par le stress de la culpabilité.
    La relation est pacifiée pour chacun.

  • Autoriser la non-violence
    Autoriser l'autre à ne pas être dans une démarche d'affrontement.
    On n'est ainsi pas contraint d'entrer dans l'affrontement.

  • Refuser la séduction
    Elle est éphémère et gratuite et nuit à la sincérité des relations

  • Refuser la manipulation perverse
    La sincérité permet de conserver sa liberté et de donner à l'autre les moyens de retrouver la sienne.

  • Préférer le discours rationnel
    Le discours rationnel est le seul qui fédère, par-delà les cultures.

  • Restaurer l'autre dans ses forces
    Recentrer l'autre dans ses désirs.

Réflexions

S'interroger sur les ressorts qui nous animent lorsque l'on donne et reçoit du choc et du charme.



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